Daniel Boucher, chansonnier
direction artistique : Michel Rivard
Boite à chansons Desjardins, Gatineau
J'en reviens et j'en suis encore toute retournée. Et malheureusement pas pour les bonnes raisons. Je ne savais pas à quoi m'attendre, j'ai hésité longtemps avant d'y aller. Je me suis dit que je ne pouvais pas manquer ça. Que c'était Daniel Boucher. Que son dernier show, en septembre, avait été très bon. Que je ne pouvais pas rater ça. Je m'attendais à tout, sauf à ça.
Des taches, des greluches, complètement saoûles, devant le stage, qui n'ont pas cesser de crier, de le déranger (et je vous jure, elles étaient attriquées pour "déranger" n'importe quel gars...) Et une foule qui ne voulait qu'entendre La Désise et qui se foutait bien du reste. Une foule qui a jasé pendant une nouvelle toune, non endisquée, pour son p'tit gars. Au point où il a dû arrêter et leur demander s'il les dérangait. Un manque de respect incroyable. Je suis scandalisée.
Je n'avais jamais vu ça de ma vie. Et j'en ai vu des shows. Mais bon, j'ai fait ma montée de lait, mais là ça suffit, je veux garder de bons souvenirs.
Alors, Monsieur Boucher s'ammène vers cette scène branlante, la scène habituelle de la Boite ayant était agrandie afin de donner de la place au poète urbain. Armé d'une seule guitare, il affrontera le public présent pour l'écouter. Début en force, avec Le poète des temps gris, ma préférée, une chanson qui a une importance primordiale pour moi. Ensuite s'enchaînent des extraits de Dix mille matins et de La Patente. Entre autre, Ma croûte, La Patente, Rasseye, Momme, Le vent soufflait mes pellicules, Sympathique colley, Aidez-moi, Boule à mites, Deviens-tu c'que t'as voulu, plus Chez nous, Le chant d'un patriote de Félix Leclerc, et une toune d'Elvis.
J'ai fait ce qu'il y avait à faire dans les circonstances : je me suis concentrée sur les paroles, la voix, la musique, j'ai chanté, et j'ai oublié (du moins j'ai tenté) ceux qui m'entouraient.
J'suis simplement pas chanceuse pour ses shows. En fait, la fois à la Maison de la Culture en 2001, c'était trop magique, je ne pourrai jamais revivre ça. Et j'étais dans une période propice. Plus maintenant. J'écoute Le poète des temps gris avec un sourire, une certaine nostalgie. Ces mots qui étaient le monde pour moi, ne me rejoignent plus comme avant. La Patente (l'album) non plus. C'est bon, mais ce n'est pas ça. Dix mille matins, c'est la trame sonore de mon secondaire. De mon adolescence. C'était LA référence quand la vie n'allait pas comme je le voulais. C'est un disque qui m'a fait grandir, qui m'a fait réaliser que je n'avais pas besoin d'être comme les autres, que je pouvais être différente, et le clamer haut et fort.
« Ce p'tit homme seul qui va son chemin
La tête baissée mais fier
Fier d'aller face aux vents mauvais
Fier d'aimer même en enfer
Fier de lui, fier de toi aussi »
Quoiqu'il en soit : MERCI DANIEL, merci de ta poésie, et de ton déhanchement!