Semaine 8 - Tout est sous contrôle

Ces derniers jours, je ne sais pas pourquoi, c'est sûrement dans l'air, cet élan de nostalgie, mais j'ai plein de flashback de mon ancien camp, où j'ai travaillé trois ans. J'en reviens pas du chemin que j'ai fait en tant qu'animatrice depuis mon premier été. Je me souviens que durant mon premier été, j'arrivais pas à prendre ma place dans le groupe. J'étais complètement muette dans les rassemblements, morte de trouille à l'idée de partir une chanson. Dans mon groupe, j'avais le lead ; ailleurs, oubliez ça. Faut dire que j'avais seize ans, aucune expérience, et que le reste de l'équipe était à l'université, en éducation par dessus le marché. Cette année, c'est le contraire. En grand groupe, j'ai le lead 75% du temps. C'est moi la plus vieille, c'est moi qui a l'expérience, c'est moi qu'on vient voir quand on a un pépin. Si on m'avait dit ça le premier été, que je serais aussi à l'aise devant les enfants ET l'équipe d'animation, je ne les aurais jamais cru.

Seul chose qui m'embête, c'est que j'ai un peu tendance à être control freak... J'vérifie dix-huit fois si tout va bien, je répète les mêmes infos à mes animateurs soixante-douze fois, jusqu'à ce qu'ils me disent qu'ils ne sont pas idiots et qu'ils ont compris. Ça m'a pris deux semaines pour comprendre que oui, mes jeunes pouvaient être maître du jeu des loups-garous. J'ai remarqué tout ça y'a deux semaines justement, et je crois avoir réussi à m'ajuster. J'veux juste pas prendre trop de place dans l'équipe d'animation. Mais au fond, quand je vois la manière que les jeunes ont de nous aimer, toute la gang, chacun personnellement, je me dis que je n'ai pas failli à ma tâche.

J'aime mon équipe et j'suis fière de ce qu'on a accompli ensemble. J'aime les individus avec qui je passe mon été.