Si près du paradis

Hier, j'ai découvert qu'il y a deux types de musique que j'aime : celle qui me chavire par son sens et celle qui m'enivre par son ambiance. Du premier type, j'aime par dessus tout les mots, le verbe, les tournures et les sonorités. Des chansons francophones pour la plupart, quelques anglophones dont j'arrive à comprendre les paroles, du moins partiellement. C'est cette musique qui m'attire le plus, naturellement. Elle sollicite mon écoute et ma concentration.

L'autre ne parvient pas à me capter de cette manière. Je l'utilise surtout pour m'isoler (pour lire, écrire ou me calmer) ou pour m'endormir. En effet, ce n'est pas que je trouve cette musique ennuyante, au contraire, mais l'apaisement que me procure ces enchaînements de sons calme mon insomnie, souvent si difficile à dompter. J'ai mes « disques de dodo », des albums dont je n'écoute souvent que les premières pièces (les dernières signifiant une insomnie plus coriace, je préfère revenir au début du disque plutôt que de m'avouer vaincue).

Close to paradise de Patrick Watson est un album de dodo. Je ne sais si c'est ça ou mon manque de sommeil des dernières semaines qui m'a fait fermer les yeux tout au long du concert d'hier. J'avais presque honte d'avoir ainsi l'air de snober le dernier chouchou de la scène québécoise. C'étaient peut-être aussi les éclairages, hallucinants de beauté, mais beaucoup trop intenses pour mes petits yeux remplis de sommeil.

Au cours de ce spectacle, j'ai aussi écrit des chapitres en entier dans ma tête. J'ai beaucoup pensé. J'ai réfléchi à ma journée, à mes déboires, à ce que j'ai à faire. C'est normal. D'habitude, c'est pour cette raison que j'écoute ce type de musique.

Le spectacle était complètement hallucinant. Pat Watson est un génie. Mais je ne suis pas certaine que je retournerais voir son spectacle.