Le relire
Sur les conseils d'une amie, je suis en train de lire Quelques adieux de Marie Laberge. Ça faisait longtemps qu'une lecture ne m'avait pas captivée comme ça.
Mais chaque fois que je prends le livre, je relis le poème placé en préface du roman. Parce que je le trouve superbe. Je le transcris ici.
Ce soir quelque chose dans l'air a passé
qui fait pencher la tête;
on voudrait prier pour les prisonniers
dont la vie s'arrête.
Et on pense à la vie arrêtée...
À la vie qui ne bouge plus vers la mort
et d'où l'avenir est absent;
où il faut être inutilement fort
et triste, inutilement.
Où tous les jours piétinent sur place
où toutes les nuits tombent dans l'abîme,
et où la conscience de l'enfance intime
à ce point s'efface,
qu'on a le coeur trop vieux pour penser un enfant.
Ce n'est pas tant que la vie soit hostile;
mais on lui ment,
enfermé dans le bloc d'un sort immobile.
-Rainer Maria Rilke