Un nouvel ami...
Je suis toujours en train de me plaindre qu'on ne me cruise jamais. Est-ce pour me montrer la chance que j'ai que les rares fois où ça m'arrive, les gars agissent en véritable crétins?
Cette semaine, j'ai eu droit à une séance de cruise en règle dans l'autobus. C'est un gars que j'ai souvent vu et qui, malheureusement, ne m'inspirait pas grand chose de positif. Mais bon, il m'aborde à l'arrêt, sous prétexte qu'il me voit partout, mais qu'on ne se parle jamais. Alors je mets mes préjugés de côté et je discute avec lui. C'était hallucinant comment chaque fois qu'il ouvrait la bouche, c'était pour dire quelque chose de complètement faux ou imbécile.
Alors qu'il fréquente la même université que moi, je lui ai appris :
- Le nom de son association étudiante (je précise que ce n'est pas la mienne)
- La durée du bac qu'il désire entreprendre et le fait qu'il devra ensuite faire une maitrise pour travailler dans le domaine (il veut lâcher son présent bac et s'inscrire en psychopéducation)
- La différence entre un professeur et un chargé de cours
- La définition de la recherche universitaire (« Ben là, d'la recherche, c'est facile, tu prends tes sources pis tu en fais un résumé » « Euh... pas tellement... »)
Il a eu le temps de me dire qu'il a vraiment un don pour entrer en communication avec les gens, « comme là ». Il m'a demandé quels étaient mon sport préféré et les activités que je faisais, mais sans me laisser le temps de répondre. Il a presque hurlé à une madame dans l'autobus (on était tous debout) : « Venez vous assiRE, venez vous assiRE ici, la place est libre », alors que la dame en question était presque à l'autre bout de l'autobus. Il a aussi voulu deviner mon âge (alors que l'âge ou quelque chose qui ressemble à ça n'était pas du tout le sujet de la conversation) et m'a appris le sien (et contre toute attente, il n'a pas huit ans et demi [j'exagère, mais j'étais sous le choc d'apprendre qu'il a vingt-quatre ans]).
Et il est finalement descendu de l'autobus (enfin!) en me serrant la main, tout en me disant : « Je suis tellement content d'avoir osé te parler ce soir! On se voit bientôt, à l'école. » (Dans ma tête : « C'est bon, je profite de la semaine d'étude pour me faire une reconstruction faciale. »)
Tout le long de cette conversation, mon cerveau était séparé en trois parties. La première criait au secours. La deuxième était morte de rire. Et la troisième, toute petite, essayait de suivre la conversation de peine et de misère, et tentait de ne pas laisser paraitre le fait que plus il parlait, plus je le considérais comme un double, puis un tripple, puis un quadruple idiot.